Depuis son lancement en 2017, le Xbox Game Pass s’est imposé comme l’un des piliers du jeu vidéo moderne. Mais en octobre, le service de Microsoft connaît un tournant stratégique majeur. De nouvelles formules, réajustement des prix, disparition de certains avantages et refonte de la structure des abonnements. Autant de changements qui bousculent une offre jusqu’ici considérée comme imbattable. Ici nous faisons le point sur toutes les nouveautés, leurs impacts pour les joueurs et ce qu’elles révèlent de la nouvelle vision.
Les nouvelles formules du Game Pass
Microsoft a repensé sa gamme d’abonnements pour mieux segmenter son offre — ou, plus précisément, pour l’adapter à la réalité économique et technologique actuelle. Le Game Pass Essential, héritier du Xbox Live Gold, fait office de porte d’entrée avec une sélection limitée de cloud gaming et l’accès multijoueur. Le Game Pass Premium, nouvelle formule intermédiaire destinée aux joueurs console, donne accès à un large catalogue mais supprime les sorties Day One, un symbole fort. Les jeux issus du giron Xbox le rejoindront dans l’année suivante. La version Ultimate elle, réunit : cloud gaming, EA Play, Ubisoft+ Classics, ou encore des bonus exclusifs comme le Fortnite Crew.
Le cloud gaming devient ici un élément central. La firme mise sur cette technologie pour étendre son écosystème au-delà des consoles, en permettant de jouer depuis n’importe quel écran — PC modeste, tablette, smartphone ou télévision connectée. Si l’expérience reste perfectible selon la connexion, elle incarne la vision à long terme. Le but étant de rendre le jeu accessible sans dépendre du hardware, et préparer la transition vers un futur où le Game Pass pourrait devenir un service sans support fixe.

Mais derrière cette restructuration, Microsoft augmente aussi les prix. La Xbox Series X est passée de 499 à 599 €, et la Series S de 299 à 349 €. Le Game Pass suit cette même logique : chaque formule coûte désormais quelques euros de plus par mois. Le service s’aligne ainsi ses tarifs sur la hausse générale du secteur. Résultat : la promesse d’un “Netflix du jeu vidéo” s’éloigne peu à peu.
Pourquoi ce changement de cap ?
Cette refonte est motivée par des impératifs à la fois économiques et stratégiques. Après son acquisition d’Activision-Blizzard, finalisée le 13 octobre 2023, Microsoft avait assuré qu’il n’augmenterait pas les tarifs et qu’il éviterait les licenciements massifs. Pourtant, la réalité s’est avérée bien différente : plusieurs vagues de licenciements ont frappé la division Xbox (1 900 postes supprimés en janvier 2024, puis 650 autres en septembre). Par ailleurs plusieurs jeux internes ont été annulés, dont Project Odyssey chez Blizzard, ainsi que des titres très attendus comme Everwild, Perfect Dark ou Contraband. Autant de signaux d’une restructuration profonde, qui fragilise la vision initiale d’un écosystème en pleine expansion.
Dans le même temps, Microsoft change régulièrement de cap, brouillant la lecture de sa stratégie. Le constructeur publie désormais plusieurs de ses titres phares — comme Sea of Thieves, Hi-Fi Rush, Forza ou Gears of War— sur PlayStation. Ce revirement illustre une mutation vers un modèle d’éditeur multiplateforme, où la diffusion de ses licences prime sur l’attachement à un seul hardware. Ce repositionnement trahit ses promesses initiales, mais traduit aussi une évolution assumée : celle d’un groupe qui veut désormais s’imposer non plus seulement comme constructeur, mais comme éditeur majeur de l’industrie vidéoludique.
Le pari de Xbox paie : Gears of War : Reloaded et Forza Horizon 5 cartonnent sur PS5, symbole d’une vision plus ouverte du constructeur.
Le Game Pass s’inscrit désormais dans cette logique : Microsoft ne mise plus uniquement sur le hardware, mais sur la portabilité de son écosystème. L’objectif n’est plus de séduire à tout prix de nouveaux abonnés, mais de stabiliser un modèle fondé sur la fidélité, la continuité entre supports et la souplesse d’accès. À mesure que les frontières entre Xbox et PC s’effacent, la marque construit un environnement unifié où le jeu se consomme partout, sans contrainte matérielle.
Ce que cela change pour les joueurs
Pour les abonnés, ces changements redéfinissent le rapport coût/valeur du service. La promesse du Day One, longtemps pilier du Game Pass, disparaît progressivement, notamment sur les formules intermédiaires. Ce retrait, combiné à la hausse des tarifs, fait grincer bien des dents. Beaucoup y voient une perte d’attractivité et un éloignement du modèle initial, celui d’un abonnement offrant un accès immédiat aux nouveautés.
Certes, le Game Pass Ultimate reste la formule la plus complète, intégrant désormais des avantages exclusifs comme le Fortnite Crew, mais ce type de bonus ne parle pas à tout le monde. Une partie des joueurs, peu intéressée par ces ajouts, aimerait payer moins sans ces avantages imposés. Ce sentiment renforce l’idée d’un service devenu plus segmenté, où chacun paie pour une expérience qui ne lui correspond pas toujours. Désormais il est le seul abonnement proposant le Day One de jeux « maisons » ou de certains jeux tiers.

Xbox répond aux critiques après la vague de désabonnements
Sur les réseaux sociaux, des appels au désabonnement massif ont rapidement émergé après l’annonce des hausses de prix. Certains joueurs crient à la trahison, estimant que le Game Pass ne correspond plus à la promesse initiale. Face à cette vague de critiques, Microsoft est contraint de réagir. Le directeur de la communication Xbox, Dustin Blackwell, défend les augmentations en assurant que les nouvelles formules intègrent un “ajout de valeur” pour justifier les coûts supplémentaires. Par ailleurs, des rumeurs persistantes évoquent un nouveau modèle de cloud gaming gratuit mais financé par la publicité : selon plusieurs sources, Microsoft testerait un service limité à environ 5 heures par mois, avec des pubs de ~2 minutes avant chaque session, ce qui permettrait aux non-abonnés d’accéder à certaines fonctionnalités via le cloud.
Ce possible compromis entre monétisation publicitaire et accessibilité témoigne d’une vision en sans cesse en mouvements. Dans laquelle Xbox cherche à répondre à une demande croissante avec une offre plus “libre” mais encadrée.
Un service en mutation
Le Game Pass entame une nouvelle phase de son évolution, où il doit désormais concilier ambition et rentabilité. Cette évolution s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un secteur vidéoludique fragile. Depuis 2020, l’industrie du jeu vidéo se transforme à un rythme effréné, redéfinissant sans cesse ses modèles économiques et ses priorités. Dans cette mouvance, l’arrivée des Xbox Rogue Ally, fruit d’une collaboration entre Microsoft et Asus, illustre cette volonté d’étendre l’écosystème Xbox au-delà des consoles traditionnelles et de rendre le Game Pass encore plus nomade. Les vérités d’hier ne sont déjà plus celles d’aujourd’hui — et celles d’aujourd’hui ne le seront sans doute plus demain.
Asus et Microsoft étendent l’écosystème Xbox au jeu nomade et au cloud gaming avec les ROG Xbox Ally.
Malgré ces bouleversements, le Game Pass reste une référence incontournable du jeu à la demande, notamment face au PlayStation Plus, qui n’intègre toujours pas ses jeux maison dès leur sortie. Mais le service de Microsoft entre désormais dans une ère plus rationnelle, moins généreuse, mais sans doute plus durable. Reste à savoir si cette stratégie s’imposera comme un coup de poker visionnaire ou comme le début du déclin d’un modèle arrivé à maturité.
Êtes-vous abonnés au Game Pass ? Comment percevez-vous ces récents changements ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article !
Vous avez ne savez pas quel jeu acheter en ce mois d’octobre ? Découvrez les sorties jeux vidéos qui vont marquer le mois.