Si vous regardiez les séries animées DC au début des années 2000, vous vous souvenez peut-être de Static Shock ! Ce jeune super-héros afro-américain a en effet eu droit à quatre saisons, diffusées entre 2000 et 2004. À travers cet article, découvrez – ou redécouvrez – les origines du personnage, les différentes façons d’aborder ses comics, ainsi que ses droits complexes partagés entre DC Comics et Milestone Media !
Mais qu’est-ce que Milestone Media ?
Fondé en 1993 par Dwayne McDuffie, Derek T. Dingle, Denys Cowan, Michael Davis et Christopher Priest, Milestone Media avait pour ambition de refléter la diversité de l’Amérique moderne en créant de nouveaux super-héros issus de minorités. Parmi les plus célèbres, on retrouve Static Shock, mais aussi Hardware, Icon, Rocket, ou encore Xombi, un personnage coréano-américain.
Parmi ses fondateurs, c’est Dwayne McDuffie qui créa le personnage au centre de cet article, dans la série de comics Static en 1993. Il est également à l’origine de la création de la série animée Static Shock, qu’il a produite et coécrite dès 2000. En mettant en scène des super-héros afro-américains ou issus de minorités, Milestone souhaitait briser les stéréotypes culturels et offrir des récits auxquels un plus large public pourrait s’identifier.
Les origines de Static Shock
Apparu pour la première fois dans Static #1 en 1993, Virgil Hawkins est un lycéen de la ville fictive de Dakota City. Passionné par la science et la pop culture, il est le deuxième enfant de Robert et Jean Hawkins, et a une grande sœur, Sharon.
Un jour, alors qu’il se retrouve mêlé à une guerre des gangs après les cours, il fut, ainsi que toutes les autres personnes présentes, aspergé d’un gaz lacrymogène expérimental qui s’avéra contenir un agent mutagène. Ce gaz déclencha immédiatement chez Virgil l’apparition de pouvoirs électriques, qu’il utilise d’abord pour échapper aux autorités. Très vite, il s’en sert également pour se venger de son persécuteur du lycée, qui harcèle aussi son amie – et intérêt amoureux – Frieda.
Peu de temps après l’incident, on s’aperçoit que toutes les personnes exposées au produit chimique ont été transformées et ont acquis des pouvoirs. Cet événement marquant sera baptisé le Big Bang, et changera à jamais Dakota City.
Virgil, désormais doté de pouvoirs électromagnétiques, décide de les utiliser pour faire le bien dans sa communauté, à l’image des super-héros préférés qu’il admire dans les comics. Au-delà de sa capacité à générer de l’électricité et des champs de force électromagnétiques, il peut également magnétiser des objets ou créer une forte adhérence statique, permettant de coller des objets ou des personnes les uns aux autres. Il utilise également des plaques d’égout comme moyen de transport, les contrôlant avec ses pouvoirs pour voler à travers la ville.
Un super-héros drôle et humain
Static se démarque par une personnalité amusante, décontractée et son sens de l’humour piquant, n’hésitant pas à lancer des vannes à ses ennemis. Un style qui rappelle fortement – et volontairement – Spider-Man. Comme lui, Virgil mène une double vie entre les cours, les devoirs et ses missions de super-héros masqué. Au début, il prend même un certain plaisir à ridiculiser ses adversaires avant de les remettre aux autorités.
Mais les choses prennent un autre tournant lorsque son persécuteur raciste du lycée, Martin, lui-même transformé par le Big Bang, devient Hotstreak. Désormais doté de pouvoirs pyrokinétiques, il devient alors l’un des ennemis les plus récurrents de Static, apparaissant également dans la série animée Static Shock, produite par Warner Bros.
Le poids de la responsabilité
Petit à petit, Virgil réalise qu’être super-héros n’est pas une tâche facile. Ses résultats scolaires chutent, et il a de plus en plus de mal à gérer sa double identité. Dans le récent relaunch du Milestone Universe, Hotstreak est même responsable de la destruction de sa maison familiale, ce qui obligera Virgil à révéler sa véritable identité auprès de ses parents. Si ceux-ci ont d’abord du mal à l’accepter — en particulier son père —, ils finissent par être fiers de lui en voyant le bien qu’il accomplit pour sa communauté.
Au fil de ses aventures, Static croise également d’autres héros du Dakota, comme Icon et Rocket, ou encore Hardware, chacun possédant sa propre série de comics. Il fait également parfois équipe avec le Shadow Cabinet, un ordre secret de super-héros aux méthodes souvent controversées.
Des thèmes forts
Comme les autres héros issus de Milestone Media, Static aborde des thématiques fortes comme le racisme, les discriminations et les préjugés. Par exemple, dans l’épisode 8 de la première saison de la série animée, Virgil est confronté au racisme du père de son meilleur ami, Richie, qui, dans les comics, est par ailleurs un personnage gay.
De plus, dans le relaunch de 2021, Virgil obtient ses pouvoirs non plus dans une guerre de gangs, mais dans une manifestation Black Lives Matter, rendant le propos encore plus actuel. C’est donc une dimension importante des comics Milestone.
De plus, pour anecdote, le nom complet du héros, Virgil Ovid Hawkins, rend hommage au vrai Virgil Ovid Hawkins, le premier afro-américain à avoir été admis dans une faculté de droit en Floride après un long combat judiciaire. Les auteurs, ayant découvert cette histoire après coup, ont donné le second prénom « Ovid » à leur personnage pour souligner ce parallèle inspirant.
Comment lire du Static Shock aujourd’hui ?
Pour lire de Static, deux options principales s’offrent à vous, disponibles en V.O uniquement :
- Le run original de Dwayne McDuffie : Static: Playing With Fire, qui sera réédité dans la collection DC Finest début octobre.
- Et le très bon relaunch moderne de Vita Ayala : Static : Season One, suivi de Static : Shadows of Dakota (qui correspond à la saison 2), disponibles en paperback, hardcover et même sous le format économique DC Compact pour le premier.
Il existe également un roman graphique young adult intitulé Static: Up All Night, écrit par Lamar Giles, qui propose une aventure nocturne rythmée et introspective après une rupture difficile. Cela peut donc être lu en complément.
Un personnage partagé entre Milestone Media et DC Comics
Comme vous l’avez sans doute compris, Static n’est pas un personnage entièrement détenu par DC Comics. En effet, il a été créé directement par Milestone Media. Cependant, pour pouvoir publier ses titres dès 1993, Milestone a signé un accord de distribution avec DC Comics. C’est pourquoi les deux logos figurent sur les couvertures des comics du Dakotaverse. Cependant, c’est bien Milestone Media et ses différents créateurs qui possèdent la propriété intellectuelle de leurs personnages.
Milestone avait tout d’abord rencontré un certain succès, fort de ses héros représentatifs de minorités à une époque où les super-héros étaient majoritairement blancs et porteurs de symboles typiquement américains. Seulement, quelques années plus tard, les ventes des comics chutent, jusqu’à l’arrêt de la collection en 1997. De plus, en 2011, le décès de Dwayne McDuffie, figure emblématique de la société, marque un coup dur pour l’avenir de Milestone.
Toutefois, le succès de la série animée Static Shock, diffusée entre 2000 et 2004, ravivera l’intérêt autour du personnage. Ainsi, celui-ci gagnera, en 2021, une nouvelle mini-série de comics intitulée Static Shock: Rebirth of the Cool, qui fait suite au run original de 45 numéros. Static aura même l’occasion d’intégrer, pendant un temps, l’équipe des Teen Titans dans les comics, et apparaîtra également dans deux épisodes de la série d’animation Justice League Unlimited en 2005. Ce regain d’intérêt restera néanmoins de courte durée…
Cependant, en 2015, deux des cofondateurs de Milestone annoncent vouloir relancer l’univers Milestone au sein de l’univers principal de DC Comics. Mais le retour de Static et des autres tarde, et les fans commencent à s’inquiéter. En cause : une bataille juridique opposant les propriétaires de la franchise.
Des problèmes de droit qui complexifient l’utilisation des personnages
Suite à l’annonce surprise de la relance du Milestone Universe en 2015, l’épouse du défunt Dwayne McDuffie, Charlotte Fullerton, poursuit en justice Milestone Media Company. Elle affirme que les parts de son défunt mari, désormais les siennes, ont été ignorées dans le projet, et qu’elle a été écartée du processus créatif sans consultation. Fullerton dénonce ainsi un « vol de l’héritage de McDuffie », construit durant toute une vie de travail. Ce conflit bloquera plusieurs années la relance, jusqu’en en 2020, où est annoncé le véritable retour du Milestone Universe, qui se concrétisera en 2021.
Mais cette difficulté à faire revenir les personnages de Milestone ne s’arrête pas aux comics… En effet, peu de temps après son arrivée en tant que co-CEO de DC Studios, James Gunn avait révélé sur les réseaux sociaux avoir des plans pour intégrer Static dans son nouvel univers connecté, le DCU. Cependant, il y a quelques semaines, James Gunn a révélé dans une interview que certains éléments rendent complexes l’adaptation du personnage à l’écran, et qu’il n’a donc pas de nouvelles à donner concernant Static.
Cela laisse penser que les mêmes problèmes de droits qui ont paralysé les comics en 2015 freinent aujourd’hui toute tentative d’adaptation audiovisuelle. De plus, avant le décès de McDuffie, la série animée a montré qu’il était possible pour DC d’adapter Static à l’écran. La différence étant qu’à cette époque, tous les détenteurs des droits étaient partants…
Par ailleurs, un film d’animation consacré aux personnages de l’univers Milestone avait également été annoncé lors du DC Fandome en 2021. Mais aucune nouvelle sur ce projet n’a été dévoilée depuis, laissant présager que les mêmes problèmes juridiques en sont la cause. Cela montre donc la difficulté d’adapter ces personnages à l’heure actuelle.
Une lueur d’espoir : Young Justice
Tout espoir n’est cependant pas perdu. En effet, Static est tout de même réapparu en animation à partir de la saison 3 de la série Young Justice, diffusée en 2019 sur HBO Max. Cela montre donc qu’il réside un espoir pour voir de nouveau Static, ou les autres personnages de Milestone, apparaître un jour à l’écran.
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