En 2019 sortait Death Stranding, véritable « ovni vidéoludique » de Hideo Kojima (créateur de la série Metal Gear Solid). Cette nouvelle licence est centrée sur la reconstruction d’un monde dévasté. Symbolique forte rattrapée par la pandémie que notre univers connaîtra quelques mois plus tard. Gameplay de livreur assumé et histoire Kojimesque : le jeu n’a pas manqué de diviser. Culte pour certains, inintéressant pour d’autres, Death Stranding a marqué par son audace. 

Cinq ans plus tard, Kojima revient avec Death Stranding 2: On the Beach, une suite très attendue. Toujours aussi étrange, toujours aussi singulière, cette nouvelle aventure s’annonce plus ambitieuse mais aussi plus accessible. Alors, pari réussi ou simple version 1.5 ?

Ce test ne comporte PAS de spoilers de DEATH STRANDING 2 : On the Beach.

Un univers riche et complexe

Nous suivons Sam Porter, recruté par Fragile (Léa Seydoux) pour Bridges dans le but de reconnecter les UCA (United Cities of America). Cette Amérique fragmentée et dévastée par un phénomène surnaturel : « Death Stranding ». Entre solitude, livraisons éprouvantes et rencontres étranges, Sam tente de retisser les liens d’une société scindée. L’aventure est rythmée par l’affrontement contre des Échoués venues de l’au-delà, dans un monde où la pluie joue un rôle central. Elle altère tout ce qu’elle touche, provoquant le vieillissement des êtres humains et la détérioration du matériel. Les Bridges Babies (BB), des bébés particuliers, sont devenus essentiels à la survie : ils permettent de percevoir les menaces invisibles qui rôdent. Reliés à un univers plus mystérieux et inquiétant, ces bébés ne sont pas de simples outils, mais incarnent l’importance des liens humains.

Sam noue un lien affectif avec son BB et découvre qu’il s’agit de Lou, l’enfant de Cliff, un ancien soldat hanté par la perte de son fils. Cliff, piégé entre les mondes, apparaît dans des visions de guerre et tente désespérément de retrouver son enfant. Au terme du voyage, les connexions entre les derniers survivants sont rétablies, stoppant l’extinction. Lou est sauvée et adoptée, révélant au passage la véritable nature de Sam : un Rapatrié, capable de revenir d’entre les morts. Le récit se conclut sur un monde encore fragile, mais désormais uni par l’espoir.

Un voyage dépaysant à travers le Mexique et l’Australie

Death Stranding 2 commence 11 mois après ces évènements, Sam vivant reclus avec Lou. L’organisation Bridges a disparu, remplacée par des drones et véhicules automatisés. Fragile désormais chez Drawbridge fait appel à Sam pour une mission urgente : sauver la civilisation d’un nouvel événement d’extinction imminente. Des portails transcontinentaux sont apparus entre le Mexique et l’Australie.

Vous commencerez votre aventure au Mexique, avec pour objectif de relier le pays, mais surtout d’apprendre les mécaniques principales du jeu et ce qu’il a à offrir. De la personnalisation à la fabrication d’armes, d’accessoires, ou de bâtiments comme les tours de guet. La phase tutoriel est particulièrement riche et complète. Ce n’est qu’après cette introduction dense que l’histoire vous mènera en Australie. La traversée de ce vaste continent propose une excursion intense, entre déserts balayés par les tempêtes, jungles, monts enneigés sujets aux avalanches ou encore montée des eaux. Sur le papier, ce voyage s’annonce bien plus exigeant, chaque livraison nécessitant une préparation en fonction de l’environnement, de la météo et des éventuels ennemis.

L’empreinte narrative de Kojima

L’aventure vous embarque alors à bord du DHV Magellan, un vaisseau mobile servant de base et de refuge avec une nouvelle équipe composée de visages inédits et marquants.

Parmi eux, nous faisons connaissance de la mystérieuse Tomorrow, personnage interprété par Elle Fanning, au centre d’un arc narratif énigmatique, ou encore Rainy, joué par Shioli Kutsuna. Tous deux apportant une dynamique nouvelle à la progression de Sam. Higgs, incarné par Troy Baker, fait son retour sous une forme radicalement transformée. Ancien antagoniste manipulateur du premier opus, il arbore désormais un look extravagant, armé d’une guitare électrique et doté de nouveaux pouvoirs liés aux Échoués. Plus imprévisible et dangereux que jamais, Higgs semble incarner une menace majeure avec des intentions clairement opposées à celles de Sam.

Nous avons l’introduction du personnage de Neil. Joué par l’acteur italien Luca Marinelli, il est une figure aussi charismatique qu’insaisissable. Incarnant l’un des mystères les plus captivants du jeu. Son design rappel à de bien des manières et de façon assumée : Solid Snake.

Le récit cher à Kojima est cryptique, plein de mystères et les enjeux sont posés dès les premiers instants. Évidement une seconde partie serait conseillée pour comprendre l’intégralité de ce qu’Hideo Kojima souhaite nous raconter.

Si Death Stranding 2 conserve une narration éparpillée et symbolique, elle s’articule désormais autour de personnages plus incarnés, plus bavards, et surtout plus présents. Chacun d’eux, à leur manière, viennent nourrir le propos du jeu : reconnecter en conservant son humanité.

Des bases solides mais perfectibles

Le principe reste similaire à celui du premier opus : reconnecter les communautés au réseau chiral. Les missions principales vous envoient livrer un colis dans une nouvelle zone, que vous connectez une fois la livraison effectuée. Le système de notation et de « likes » fait son grand retour, toujours basé sur le temps de livraison et l’état de la marchandise. Les « likes » peuvent aussi être donnés et reçus par les joueurs pour leurs constructions ou lorsque vous livrez leur marchandise perdue. Votre progression ne dépendra pas uniquement de la météo ou de la topographie, mais aussi de la présence des divers ennemis.

Les mécaniques du jeu ont été légèrement affiné pour améliorer l’expérience du premier opus, notamment en affrontements. Le système de combat a été profondément remanié, ce qui rend les confrontations plus dynamiques. Manette en mains, les sensations rappellent clairement Metal Gear Solid V : The Phantom Pain, dernier opus de la franchise culte de Hideo Kojima. L’IA adverse est beaucoup plus réactive, et les différentes stratégies (combat direct, discrétion ..) offrent une expérience plus variée.

Cependant, l’optimisation de l’inventaire est à revoir. Par exemple, si vous ramassez d’autres armes, celles-ci s’entassent sur votre sac à dos. Là où il serait préférable de laisser l’arme mais prendre uniquement les munitions et les cumuler. L’ajustement de sa marchandise et du poids reste crucial. Les liens sociaux restent au cœur de l’expérience : les joueurs peuvent toujours construire et contribuer au financement de structures collaboratives. Sam est également évalué en fonction de votre style de jeu. Celle-ci symbolisée par un niveau de porteur divisé en plusieurs branches (combat, services, furtivité…).

Une option inédite a été ajoutée pour passer certains combats de boss après plusieurs échecs “Pretend you won”. Kojima montre qu’il met l’accent sur l’histoire avant tout.

Une mise en forme plus efficace

Au cours de votre aventure vous serez assisté du scanner ODRADek, outil essentiel accroché à l’épaule de Sam. Il permet d’analyser le terrain, détecter les colis, structures et ennemis à proximité. En zone dangereuse, il s’active pour signaler la présence des Échoués par des pulsations visuelles. Pratique pour planifier ses déplacements.

Il est possible de croiser des animaux sur votre route, qu’il faudra capturer et donner au refuge pour assurer leur survie.	De nombreux Échoués se dresseront sur votre chemin, couper le cordon ombilical reste votre priorité.

Le DHV Magellan vous accompagnera lors de vos missions principales. Après chaque livraison majeure, le jeu vous invite à retourner au DHV Magellan pour vous reposer, fabriquer de l’équipement et, surtout, faire progresser l’intrigue. Si la mise en scène peut sembler répétitive, elle reste efficace. Ce fonctionnement guide le rythme de l’aventure et assure une narration fluide, avec un fil conducteur toujours présent.

En ce qui concerne le voyage rapide, le DHV Magellan permet de se téléporter instantanément vers un lieu de commande sélectionné. C’est une aide précieuse si vous souhaitez enchaîner les livraisons. Attention toutefois : il ne permet pas de transporter de cargaison, seulement de vous déplacer vers un point précis.

Un lien entre joueurs : la coopération indirecte

L’entraide et l’aspect communautaire est central, et cela passe notamment par la possibilité de récupérer les marchandises et véhicules laissés par d’autres porteurs pour livrer à leur place. Grâce à la fonctionnalité en ligne, les objets ou véhicules abandonnés par d’autres joueurs dans leur propre partie peuvent apparaître dans la vôtre. Vous pouvez également participer à la construction ou la rénovation de routes, station de recharges, refuges..

Ce système encourage la coopération : ce que vous laissez derrière vous peut aider un autre joueur, tout comme vous pouvez bénéficier des choix des autres. La solidarité est au cœur de l’expérience, même sans interaction directe. Un simple véhicule laissé près d’un ravin peut faire la différence. Si vous êtes en difficulté vous pouvez aussi déposer un panneau pour demander une arme, des matériaux etc…

Fraichement arrivé au sommet, petite pose de panneau pour encourager les autres porteurs !	Vous n’avez pas besoin de votre arme pour le moment ? Profitez en pour la donner à un autre porteur !

L’un des atouts majeurs de son système social : l’évolution du terrain en fonction des actions des joueurs. Comme votre partie est connectée à celles des autres joueurs, vous verrez souvent apparaître des chemins bien tracés, dessinés naturellement par leurs allers-retours. De même, l’usage des motos ou camions (avec ramassage automatique des colis) s’en trouve facilité, surtout si vous empruntez les routes construites collectivement, alimentées par une batterie illimitée — de quoi transformer un trajet périlleux en véritable promenade de santé.

Une casualisation mais à quel prix ?

La difficulté est indéniablement revue à la baisse, peut-être même un peu trop. Première différence marquante : la mort des ennemis : dans Death Stranding (2019), tuer des ennemis humains reste risqué, car leur corps entre en nécrose s’il n’est pas incinéré rapidement. Ce qui peut provoquer une explosion dévastatrice, détruisant alors une zone de la carte. Le jeu incitait aux méthodes non létales. Ici, aucune référence n’y est faite : vous pouvez tuer en série sans en voir le moindre impact. Il en va de même pour l’histoire principale, vous pouvez prendre un véhicule, quelques armes et faire vos missions d’une traite.

Nouvelles comparaisons au premier jeu faisant un retour en arrière : l’exploration et la physique du jeu. Autrefois certains lieux du monde étaient indisponibles en véhicule, forçant ainsi la débrouillardise des joueurs avec les échelles et ancres d’escalades. Le moteur Decima de Guerilla Games fait des miracles sur l’optimisation et la beauté au prix d’une physique capricieuse. Il n’est pas rare de voir des animations brouillonnes qui montrent que le jeu n’avait pas prévu un tel mouvement. Certaines roches peuvent également bloquer votre passage à divers endroits.

 

Enfin, le jeu reprend à l’identique certaines animations du premier opus, notamment pour les déplacements et les interactions de base. Cela peut donner par moments une sensation de déjà-vu, comme s’il recyclait certains éléments sans les réinventer.

Conclusion :

Alors non, Death Stranding 2 : On the Beach ne risque pas de souder les liens des fans. Le jeu n’est pas parfait, et même moins bon que son prédécesseur. Devenu plus casual il risque même de diviser les fans de la première heure. Son gameplay est presque inchangé et le peu d’ajouts sont dispensables.

Le récit, la qualité et les personnages sont les gros point fort du dernier jeu de Kojima. Death Stranding 2 est impressionnant graphiquement et dans son optimisation, la PS5 (FAT) de 2020 fait amplement le travail ! Un titre à ne pas mettre entre toutes les mains. Là où Death Stranding (2019), très atypique aussi aurait mérité un 19/20, sa suite vaut un :

NOTE : 17/20

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